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L’exclue

La nuit, elle bombarde

de tags tous les murs;

elle joue les loubardes,

les filles au coeur dur !

 

Elle s’envole peut être

le jour lorsqu’elle dort;

sa prison de salpêtre

alors change de décors,

adieu l’étiquette

 de boue et de mort,

salut la perpette

il fait si beau dehors !

adieu l’étiquette,

les plissures de son corps;

du fond de sa musette,

elle dédie sa rosette

aux futures années d’or !

 

Elle joue les loubardes,

les filles de la rue;

la haine qu’elle bazarde,

c’est celle des exclus !

 

Elle n’a pas de boulot,

pas d’amour non plus

et n’a sur le dos

que des espoirs perdus;

elle partage un tripot

avec trois farfelus,

trois espèces d’ados

qui n’en veulent qu’à son cul

et qui lui piqueront son tricot

-les compères à nunue-

entre deux bécots,

dans le fond du tripot,

au premier froid venu !

 

Elle n’est pas loubarde

et ne joue pas non plus

à celle qui poignarde

le premier venu…

 

elle voudrait bien

de cette société

que la nuit elle peint

sous de drôles de traits;

il y a bien longtemps,

espérant de la vie,

encore qu’une enfant

elle m’a souri;

si vous la croisez,

elle s’appelle Annie,

avec ma poupée

soyez très gentils…

 

donnez-lui la main

en suivant l’avenue,

c’est un peu de chagrin

qu’elle aura de moins;

 

donnez-lui la main

en suivant l’avenue,

c’est un peu de chagrin

qu’elle aura perdu !

Fragrances nocturnes

Je l’aime lorsqu’elle dort,

les cheveux en bataille,

la joue au pli du bras ;

 

je bois son souffle d’or

sitôt que s’encanaillent

deux soupirs sous son drap !

 

Je butine ses rêves

et cueille par brassées

les fleurs de son allant ;

 

prie pour que ne s’achève

ce voyage où Morphée

déploie tous ses talents !

                                               

   J’hume alors les saveurs

de pays enchanteurs

où porté par le vent,

 

enfourchant les lueurs

de l’aube, le bonheur

exulte innocemment !

 

Je vole à se atouts

les braises de son corps,

la plume de ses nuits,

 

puis me blottis voyou

contre mon fier trésor

au creux de notre nid !

 

A l’abri du regard

indiscret des étoiles,

des déesses du ciel,

 

je tends à quelque écart :

à sa peau qui exhale

je recueille le miel…

 

un frisson nous parcourt ;

ses paupières mi-closes

chantent un avènement,

 

au timbre de l’amour

la nuit suspend ses roses;

tout est efflorescent !

 

Je l’aime au doux réveil

quand trois mots balbutiés

sont un enchantement ;

 

quand tout plein de sommeil

viennent de longs baisers

apaiser mes volcans !

Etude

C’est un petit jardin d’une beauté sublime,

triangulaire et noir comme l’œil du destin,

quand le destin s’affiche en roi illégitime

baisant le pli gonflé des nuisettes satins !

 

Quand le vent des jasmins, sous les arches d’alcôves,

lève de ses parfums le lin des baldaquins

et caresse à foison le poison des guimauves,

merci, grand Dieu, d’ouvrir la porte du jardin !

 

Quand le désir surgit des entrailles de la terre,

quand la rosée y fait rosir les euchéras,

qu’à la fontaine aux anges les saveurs printanières

du nectar infernal appellent au magma,

 

merci, grand Dieu, d’ouvrir l’enclos au grand soleil !

Quand la matière boit la lumière vibrante,

avant que ne s’enlacent des membres de sommeil,

quand les spasmes fleuris se meurent de mort lente,

 

ouvrez-moi le portail, déesses libertines,

que je respire les fragrances de l’extase

et faites en sorte, jouissances divines,

que sous le fin cresson qui retombe du vase,

 

pour une fois encore, parmi les euchéras,

quand la lune poindra, que les vents en furie

courberont l’échine, j’exhibe à bout de bras,

heureux comme Baptiste, les nerfs de la folie !