C’est un petit jardin d’une beauté sublime,
triangulaire et noir comme l’œil du destin,
quand le destin s’affiche en roi illégitime
baisant le pli gonflé des nuisettes satins !
Quand le vent des jasmins, sous les arches d’alcôves,
lève de ses parfums le lin des baldaquins
et caresse à foison le poison des guimauves,
merci, grand Dieu, d’ouvrir la porte du jardin !
Quand le désir surgit des entrailles de la terre,
quand la rosée y fait rosir les euchéras,
qu’à la fontaine aux anges les saveurs printanières
du nectar infernal appellent au magma,
merci, grand Dieu, d’ouvrir l’enclos au grand soleil !
Quand la matière boit la lumière vibrante,
avant que ne s’enlacent des membres de sommeil,
quand les spasmes fleuris se meurent de mort lente,
ouvrez-moi le portail, déesses libertines,
que je respire les fragrances de l’extase
et faites en sorte, jouissances divines,
que sous le fin cresson qui retombe du vase,
pour une fois encore, parmi les euchéras,
quand la lune poindra, que les vents en furie
courberont l’échine, j’exhibe à bout de bras,
heureux comme Baptiste, les nerfs de la folie !