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Liberté conditionnelle

Sartre aurait donc raison quant au regard de “l’autre“ ?

le votre, évidemment ! … le mien ? … assurément !

 

nous trempions les mêmes maillots

toujours à la même rivière,

nos rires éclatants d’ados

toujours à la même lumière !

sur de longs rochers inclinés

nous faisions sécher nos amours,

mêmes amours d’un même été,

immaculés, comme toujours !

 

quant à l’œil innocent et le regard de Dieu…

et l’enfant qui sourit le nez levé aux cieux ?

 

est-ce par envie, par besoin,

soumis aux vents de sa culture

qu’on plonge tous au même bain ?

par chance alors ? par infortune ?

nous avions tous les mêmes dents,

fut-ce par souci d’égalité …

nous avions tous un rire franc,

ou par souci de liberté ?

 

nous ne portions, ensemble, pourtant qu’un seul regard ;

pour tous, à quarante cinq il était moins le quart !

 

et puis l’insouciance a passé

l’autre saison sans crier gare

et sous les cris de la lignée

chacun tient son quart à la barre ;

et “l’autre“ est toujours là, présent,

donneur d’ordres, juge et partie,

toujours allongé sur le banc

à sanctionner tes insomnies…

 

on dit bien qu’à “la fin“, fut-ce mortel ou charmant,

on regarderait moins les autres en vieillissant !

 

alors nous soumettrons notre âme

au regard de l’éternité ;

plus d’homme, enfin, et plus de femme,

plus d’enfant, plus de voie lactée !

un regard pour la nuit des temps…

et le tremblement sarcastique

de Sartre qui claque des dents

dans le fin-fond de la boutique

entre deux philtres excitants

et trois liqueurs philosophiques !

 

et si Sartre avait pris, au détour du chemin,

le soleil pour la lune, un gros chat pour un chien ;

 

hein ?

La dame au chien

La dame au chien se promenait ;

la dame au chien, devrais-je dire,

offrait aux passants son sourire,

son chien, des crottes à leurs souliers !

 

Quant aux passants, ô tristes sires,

ils ne se souciaient que du temps

qu’il faut pour aller en marchant

vite du Bénin au Zaïre,

 

de Bram à Castelnaudary,

de «l’Alaric» à «la Fajeolle»,

ou du vieux Blagnac à La Baule,

du vieux Trèbes au lac du Lampy,

 

ou bien du Sidobre à Graulhet,

ou bien de Nantes à Montaigut,

de Vérone à Honolulu,

du Géant vert chez les pigmés…

 

que sais-je !

 

je crois que la saison rend con !

plus personne ne rend les sourires,

l’esprit s’encombre de délires

et les souliers de déjections !

 

Pour moi, la dame au chien

promenait en laisse une idée,

– par innocence ou par bonté –

rien d’humain… ni vraiment canin…

 

une réflexion sur le temps ;

quelque chose de contemporain :

«Où vont ces gens, main dans la main,

moutonneux, hagards et bêlants !»

 

La dame souriait toujours,

son chien roulait du «popotin»,

les gens flottaient sur le chemin

et je rêvais encore d’amour !

 

Ainsi donc la philosophie

naîtrait à l’abri des regards,

de bon matin, sur les trottoirs,

d’une dame drôle, d’un chien bouffi ?

 

Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha,

là, çà t’en bouche un coin, Socrate !

ne fais pas la gueule,

laisse donc les «cleps» lever la patte !