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Archives for : Les textes coups de gueule

Nuit blanche

Je me fouts de la nuit,

des affres de la mort,

des âtres de l’enfer…

 

me fouts de ses envies,

des humeurs de son corps,

de son humour amer;

 

je me fouts du sale temps,

des quatre vents qui braillent

sur la lande incendiée…

 

me fouts de ses draps blancs,

comme des petites mailles

de son déshabillé;

 

que Bacchus me protège,

je suis ivre et me livre

une guerre acharnée

 aux relents d’un manège

où l’encens et le givre

ne cessent de parader !

 

je me fouts des jonquilles,

du doux parfum des roses,

des frais coquelicots…

 

me fouts de tout ce qui brille,

des rimes et de la prose,

l’encre bleue du stylo;

 

je me fouts du centre ville,

des néons des boutiques,

de l’odeur des boulevards…

 

des traces indélébiles,

du trop peu éclectique

des croix de leurs brassards;

 

que Bacchus me protège,

je suis ivre et me livre

une guerre acharnée

aux relents d’un manège

où l’or blanc passe au cuivre

l’anneau des fiancés !

 

 bien sur je me fouts du feu

qui s’endort ou se meurt

abandonnant mes pieds…

 

la pègue en mes cheveux,

la raison ou le coeur

semblent m’interpeller

 

loin des flammes où dansaient

mes colères, mes dégoûts

au rythme du tison;

 

je ne suis qu’un corps vautré

sur un canapé mou,

mais grand Dieu, qu’il est bon

 

de n’être rien du tout!

Par la rase du temps

  Le Cers était léger,

le souvenir tenace ;

le lièvre était passé

et je cherchais sa trace !

 

au milieu de la vigne

je courais l’ancien temps,

jouais de l’interligne

et traquais l’inconscient…

 

sans fusil ni cartouche,

ni chien, ni cri… ni vie,

une feuille à la bouche

j’allais en rêveries ;

 

de fous rires en pleurs,

de hoquets en grimaces,

les rouquettes en fleurs

parfumaient mes audaces,

 

le Cers était léger

et ma quête tenace,

le lièvre était passé,

je trouverais sa trace !

 

et partout sur la vigne

flottait ce fameux chant !

en ses rimes malignes

sautillaient tant d’accents !

 

au feu les vieilles souches,

le grenache fini,

la Carthagène en bouche

n’est plus que gazouillis !

 

gazouillis ou rumeur,

l’histoire, hélas, s’efface !

peut être un rimailleur

forcera sa préface

 

et saura débusquer

le lièvre de son gîte !

le vin a bien coulé,

les jeunes ont pris la suite !

 

Sous les détonations,

ami du genre humain,

ce soir, à Montredon,

qui va main dans la main ?

 

Le Cers est bien léger,

je pétris ma colère !

la terre abandonnée

engendre la misère !

 

le lièvre capturé,

sa mort inévitable !

mon pauvre Beaumarchais

« sa mère n’est point coupable » ! 1

 

à la source, mon fils,

ôte la lourde pierre,

irrigue tes iris

de vérités premières,

 

au pied de la fontaine

sème quelques pensées…

ainsi, mon âme en peine

boira sa liberté !