Bien sûr qu’ils se foutent de nous
tous ces souverains démocrates
avec leurs costards, leurs cravates,
leur fausseté, leurs sales coups,
leur immunité, leurs dictats,
leurs mensonges, leur arrogance,
leur main sur le cœur pour la France,
leurs promesses de candidat,
au bec toujours la même chanson,
battant le pavé pour la gloire
fort persuadés que l’histoire
immortalisera leur nom…
mais tu es là et je suis là
et l’on a fermé la fenêtre ;
enfin en paix, sans dieu ni maître,
nos doigts liés… et cætera…
Bien sûr qu’on parle de chômage,
d’immigration, de préjudices,
d’endettement, de sacrifices,
de canicule, de gros orages,
de pouvoir d’achat, de retraite,
de start-up, du vieux nucléaire,
de fous, de violeurs, d’incendiaires,
de criminels, de trouble-fêtes…
qu’on vante les châteaux, les jardins,
le bénévolat à la mode,
les hommes qui tissent, les enfants qui brodent,
et ceux qui changent de chemin…
mais tu es là et je suis là
et l’on a fermé la fenêtre ;
sans la télé, sans dieu ni maître,
nos lèvres collées… et cætera…
Bien sûr que la ville est grouillante,
qu’on y parle d’insécurité,
que la campagne est constellée
de lucioles et d’étoiles filantes…
comme de déserts médicaux,
de riflettes de voisinage,
de chants de coqs, de commérages,
de moustiques et de corbeaux…
bien sûr que pour ses ambitions
l’état nous prend tout ce qu’on a,
nous laissant juste Mardi Gras
le stress et la désillusion…
mais tu es là et je suis là
et l’on a fermé la fenêtre ;
abandonnés, sans dieu ni maître,
à nos caresses… et cætera…
Bien sûr qu’on travaille le dimanche,
que les familles sont démantelées,
déchirées et recomposées…
que les jonquilles s’accouplent aux pervenches,
que les ânes s’accouplent aux mulets,
que les manants s’accouplent aux vicomtes…
chacun y trouverait son compte
et les honneurs de la société !
c’est vrai que les vieux de la vielle
ne sont plus guère consultés,
c’est vrai que les jeunes ont étudié
comment mettre Paname en bouteille…
mais tu es là et je suis là
et l’on a fermé la fenêtre ;
dans la pénombre, sans dieu ni maître,
nos corps mêlés… et cætera…
mais tu es là et je suis là
et tout s’efface tout autour ;
demeurent les arômes de l’amour,
demeure l’insouciance d’autrefois…
demeurent nos corps qui ondulent…
un après-midi majuscule…
et cætera… et cætera… et cætera…