Dame Carcas, vieille salope,
par-dessus bord tu as jeté
le dernier porc qu’il nous restait,
et le tricot de Pénélope;
désormais nos espoirs sont vains !
Charlemagne emporte le gras,
les pucelles, les grappes de lilas ;
Pénélope, le feu s’éteint !
Les fileuses sonnent le glas,
le roi d’Ithaque pêche à Messine,
et ville après ville cheminent
la peste noire, le choléra.
Ulysse reviendra, peut être !
le soleil fera sa trouée ;
alors Argos viendra japper ;
la bise de mars nous pénètre !
Entre les tours de Carcassonne,
les massacres en ribambelles
font fi du gel et de la grêle ;
à tue-tête une folle sonne !
sonne, sonne, sonne, sonne,
Dame Carcas, triste salope !
qui bandera l’arc, Pénélope ?
Faut-il que vous soyez si connes ?
Reste-t-il du gras au torchon ?
L’une se donne et l’autre attend ;
quand l’une se donne à Satan,
l’autre espère, scrutant l’horizon !
Un mât s’en revient d’outre tombe
en descend un gueux ; c’est un roi !
Dame Carcas lève les bras
et le pauvre Argos en succombe !
Carcassonne pleurera longtemps
ses ciels d’été et ses outrages.
Le guerrier contera ses voyages
et Pénélope ses printemps.
Sous ses toitures grisonnantes
la cité hisse les couleurs ;
les amandiers bleus sont en fleurs,
le sénéchal lisse ses bacantes !
Pénélope et Dame Carcas
ainsi rangées des corbillards,
les dieux recouvrent le cafard…
honneurs au trépas, gloire aux veuves !
faudra t’il de nouvelles épreuves ?
Dis, qu’adviendra-t-il, Tirésias ?