Quand dans l’ascenseur, dans la cage d’escalier,
le chien du second pressent le chien du treizième,
comme leurs ancêtres allant aux fêtes de Brême
s’ensuit une cantate de haute gorgée !
Mais ceux-ci, à défaut de glapir, comme tant,
d’une voix sans appel, sans y aller de main morte
se filent une raclée au travers de la porte ;
un feu d’injures enrobé de vifs aboiements !
Ce sont deux mâles, que voulez-vous, deux rivaux ;
et vous savez que Dieu, dans sa grande largesse,
n’ayant équitablement transmit la sagesse,
il advient parfois quelques querelles de museaux !
Et croyez que lorsque je rentre ou je sors, j’aime
entendre la musique, la colère au ventre
et du prince qu’on sort et du prince qu’on rentre
résonner dans l’immeuble du second au treizième !
J’aime leurs voix puissantes s’affirmer sans complexe
dans un pays où l’homme ne sait plus que se taire ;
si je n’entends leurs mots je perçois de leurs glaires
autant l’accent grave que l’accent circonflexe !
Mais n’allons voir le mal où se cache le beau ;
sous ces boules de poil au caractère hargneux
je vous parle de chiens au regard malicieux,
dont l’un a trois pattes et l’autre un brillant grelot.