Je me fouts de la nuit,
des affres de la mort,
des âtres de l’enfer…
me fouts de ses envies,
des humeurs de son corps,
de son humour amer;
je me fouts du sale temps,
des quatre vents qui braillent
sur la lande incendiée…
me fouts de ses draps blancs,
comme des petites mailles
de son déshabillé;
que Bacchus me protège,
je suis ivre et me livre
une guerre acharnée
aux relents d’un manège
où l’encens et le givre
ne cessent de parader !
je me fouts des jonquilles,
du doux parfum des roses,
des frais coquelicots…
me fouts de tout ce qui brille,
des rimes et de la prose,
l’encre bleue du stylo;
je me fouts du centre ville,
des néons des boutiques,
de l’odeur des boulevards…
des traces indélébiles,
du trop peu éclectique
des croix de leurs brassards;
que Bacchus me protège,
je suis ivre et me livre
une guerre acharnée
aux relents d’un manège
où l’or blanc passe au cuivre
l’anneau des fiancés !
bien sur je me fouts du feu
qui s’endort ou se meurt
abandonnant mes pieds…
la pègue en mes cheveux,
la raison ou le coeur
semblent m’interpeller
loin des flammes où dansaient
mes colères, mes dégoûts
au rythme du tison;
je ne suis qu’un corps vautré
sur un canapé mou,
mais grand Dieu, qu’il est bon
de n’être rien du tout!