Poètes, rimailleurs, poétaillons, mâche-lauriers, chansonniers, chantres, musiciens, toutes sortes de cigales en exercice, et même un duo de minnesinger arrivant des rives de la Weser, à Brême, tous convergeaient, cela ne s’invente pas, vers le Parc Georges Brassens, dans le quartier de Vaugirard, à Paris. Ainsi est-il nommé en hommage à l’artiste qui vécut tout proche ses longues années parisiennes.
Il était midi. Les cloches de Notre Dame de la Salette, à quelques trottoirs, appelaient les travailleurs à la pause et les gourmands à se lécher les babines car il montait des macarons et des gâteaux aux accents japonais de la Pâtisserie Sadaharu Aoki des parfums de ganache à la pistache, au caramel et à la vanille à vous tordre l’estomac d’envie !
En entrant dans le parc par l’une des deux portes monumentales, rue des Morillons, connue des têtes-en-l’air, des étourneaux et des étourdis pour son bureau des objets trouvés, les amis ne manqueraient pas d’admirer, au passage, les deux taureaux d’Isidore Bonheur, les cornes quillées vers les nuages et les naseaux soufflant des pelotes de nuages au-dessus des klaxons des voitures et des accélérations saccadées des scooters de fast-foods. Nous devions nous retrouver à quatorze heures au buste de Georges, un bronze réalisé en 1987 par le très rigoureux et généreux André Greck.
Mais étant toujours en avance à mes rendez-vous, et particulièrement à celui-ci puisque le sourire rayonnant d’Amélie ne pointerait que dans deux heures à l’ombre du séquoia géant, j’en profitais pour perdre ma solitude tranquille à travers les allées.
Accompagné par les courses effrénées et les cris métalliques d’une famille nombreuse de serins cini (mais si… un petit passereau jaune comme son cousin des Canaries, avec des reflets verdâtres et des ailes rayées de noir), j’empruntais le petit pont sur la rivière. Je profitais de l’ombre du belvédère pour ordonnancer les poèmes que je devrais dire l’après-midi, tandis que les brins de tabac qui s’évadaient de ma tabatière persillaient mon cahier d’une ponctuation sauvage. En bas, toute une panoplie de sagittaires fleuries s’étalait entre les roseaux à massette, et quelques quenouilles canadiennes, de l’eau jusqu’aux cuisses et les orteils dans la vase, se trémoussaient dans les musiquettes de la brise légère.
L’endroit était romantique. A la fois songeur et contemplatif je repris ma déambulation parmi les chèvrefeuilles, les jasmins, les azalées, les rhododendrons, les bruyères rouges et les hortensias. En ce paradis fleuri, l’air, délicatement parfumé, tapissait mon être tant d’un flegme heureux que d’un optimisme débordant. J’étais placide et j’aurais à la fois déplacé des montagnes s’il eut fallu ! Athéna, Priape et Tyché me collaient apparemment aux basques et me rendaient l’instant fort agréable.
Cheminant, cahin-caha j’arrivais à la statue de « l’Ane », une sculpture en bronze de François-Xavier Lalanne. Lorsque je songe que Lalanne, étudiant le dessin et la sculpture à Paris côtoyait au quotidien, Brancusi, Magritte et Dali, quelle richesse ! De quoi pouvaient-ils bien parler, qu’est-ce qui pouvait bien les faire rire, où sortaient-t-ils le soir, quelles filles voyaient-ils… et dans quels éthers baignaient-ils lorsqu’ils créaient ?
Le bronze, grandeur nature, de l’âne aux oreilles admirables, attelé à une voiturette retenait mon attention. Mais ce n’était pas la chanson de Georges, ni le poème de Francis Jammes qui me vinrent à l’esprit en le voyant : « Par les gosses battus, par l’ivrogne qui rentre, par l’âne qui reçoit des coups de pieds au ventre… », pas La Prière, mais La Complainte du petit Cheval Blanc, de Paul Fort : « Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage, c’est alors qu’il était content, eux derrière et lui devant… ». Et naturellement, c’est en fredonnant ces vers, sous l’écho de la moustache blanche de Georges, que je dévorais des sens les multiples trésors du jardin.
Je traversais la roseraie. Bataillons de soldates casquées de pétales blancs, rouges, jaunes et pourpres, pourvues sous leur uniforme verdâtre d’épineuses baïonnettes, une armée d’églantines affichant un seyant garde-à-vous ! Tel un général inspectant ses troupes je scrutais les compagnies, l’air sévère, le pas allongé, le menton haut. Comme mes soldates étaient tirées à quatre épingles je sortis du carré et entrais dans la partie réservée aux plantes aromatiques et médicinales.
Là, un étiquetage en braille permettait aux non-voyants de s’initier à la botanique. Heureux Bartimée, fils de Timée, mendiant aveugle, s’il dut passer par là sans avoir fait la miraculeuse rencontre ! Un jardin de plantes aromatiques et médicinales semblable aux Jardins des Récollets ou à celui des moines de l’abbaye de Fontfroide ! Des « simplis herba » aussi thérapeutiques que décoratives : camomille, hysope, mélisse, angélique officinale, verveine, mauve et bouillon blanc ; au cœur de Paris, quelle bonne fortune !
Au fil d’allées, qui rappellent le souvenir de Georges en portant le nom de certaines de ses chansons, je me retrouvais devant le beffroi qui fut le point central du marché à la criée des abattoirs de Vaugirard, d’une apparence mi gare mi église ; d’autres l’admiraient. Avec la halle aux chevaux qui était le lieu de vente des bêtes destinées à l’abattage cet édifice ne m’inspirait guère de sympathie. J’y tournais le cul ; promptement ; et pressais le pas.
Je décidais d’aller illico jeter un œil à la fameuse vigne de pinot noir qui fait la fierté des habitants du quartier, comme celle de Montmartre la fierté des siens. Si je dis « jeter un œil » c’est parce qu’il était prévu, en fin d’après-midi, une visite de groupe de cette vigne, accompagnée d’une dégustation de son prestigieux vin de l’année précédente.
Les ceps étaient noueux à souhait, ce qui signifiait que le bois et la terre vivaient une histoire d’amour débridée, les rameaux se lovaient sur les fils de fer comme le font les Mitounes (des fées audoises), dans l’eau de l’Orbieu. Les raisins étaient en fleur, ce qui assurait que nous étions, à quelques jours près, à cent jours de la récolte. La terre sentait bon les parfums de baies rouges dont se madéfie Dionysos et le soleil riait aux éclats sur un ciel bleu de cæruleum. Je ne prétendrais pas y avoir vu mes Corbières, mais nous nous en rapprochions grandement !
Au XVIIIème siècle s’étendaient dans toute la partie sud du hameau Vaugirard les vignobles de Périchot et des Morillons (lieux-dits). Au XIXème ils laissaient la place à des jardins maraîchers qui furent remplacés par les abattoirs en 1894. Ceux-ci mirent la clé sous la porte en 1974 sous les plaintes insistantes de la population polluée par le bruit et l’odeur. C’est donc sur ce site que le parc Georges Brassens ouvrit ses portes en 1985.
Poussant le pas j’arrivais devant le buste du Docteur Emile Decroix dont je n’avais jamais entendu parler. Mais comme en quelques clics, où que l’on soit aujourd’hui, la réponse à nos interrogations nous tombe du ciel rapido-presto, je vis que « l’Emile » était surtout connu comme le propagateur de l’hippophagie en France, ainsi que pour son action en tant que pionnier de la lutte anti-tabac. Fort bien. En quelques clics supplémentaires je partis en quête de « l’hippophagie », qui se révéla être un régime alimentaire basé sur la consommation de viande de cheval. L’homme était un philanthrope ; fort bien encore. La boucle était bel et bien bouclée, ou presque.
J’avais lu sur le dépliant que l’on parlait aussi de la statue « Le Porteur de Viande », d’Albert Bouquillon, érigée là en 1991 en référence aux anciens abattoirs. Le rucher était également à voir, mais lui aussi était prévu à la visite de groupe de l’après-midi, je faisais donc l’impasse.
Je me rendis à la fameuse statue. En chemin le nom de Bouquillon, dont je m’étais involontairement défait, me revint à l’esprit. La retraite de 1940 l’avait conduit à Albi, où dans un atelier prêté par la ville, dans l’enceinte du musée Toulouse-Lautrec il avait débuté sa vie de sculpteur. C’est là que j’avais entendu parler de lui. Sa statue, un homme bedonnant en tablier de boucher, portant un quartier de bœuf en travers de ses deux épaules, la jambe droite avancée pour supporter le poids, était magistrale ! Bouquillon avait traité Le Porteur de Viande avec l’ingéniosité et le talent qui caractérisent le maître !
Il restait une demi-heure à mon crédit avant de retrouver Amélie, le grand marché du livre ancien, sous les halles du parc m’ouvrit grand ses bras.
Un almanach Hachette de 1935, avec un grand signe de la balance, mon signe astrologique, sur la couverture rouge attirait tout d’abord mon attention. Ensuite quelques morceaux choisis de Victor Hugo dont la couverture était en cuir de Crimée, lui aussi des années trente, une collection des classiques Larousse comprenant un traité de cours de philosophie positive, le Cid, Britannicus, Le jeu de l’amour et du hasard, Andromaque, Le Barbier de Séville, Athalie et L’Avare, ouvrages qui me rappelaient à la fois de courtes nuits auprès du feu, mes premières cigarettes roulées et mes premiers baisers non tâtonnants.
Seuls les pavés de l’allée centrale prenaient la lumière des néons. Partout les tables des bouquinistes tapissaient le sol. L’odeur du papier ancien et les perles rares dormant entre les piles de bouquins m’invitaient à demeurer plus longtemps. Juste le temps de feuilleter un livre usé des Fables de La Fontaine, de caresser les couvertures en tissus rouge et beige des cinq tomes du Vicomte de Bragelonne, de sentir la muscade d’un Tour du Monde en 80 jours, vert rainette, de 1947, ma montre me pressait ardemment. Comme à l’office du soir les gens parlaient religieusement. Ils caressaient les romans comme s’il eut s’agit de grimoires, les opuscules comme s’il eut s’agit de lampes magiques et les keepsakes comme s’il eut s’agit de pierres précieuses ! Ils déambulaient au pas des curés et se saluaient d’un clignement des yeux en baissant la tête.
Les illustrations de couverture de : Nous, les mères, Le Caravansérail, La Guinguette, Le blé en herbes, Donatienne, l’Envers du Music-Hall, Boubouroche et le désert de l’amour me rappelaient les illustrations de mes livres d’enfant. Là étaient de beaux livres ; là étaient le temps des vrais artistes.
Au travers des allées je commençais à retrouver quelques amis, qui, comme moi, tuaient leur temps entre les abécédaires, les albums, les elzévirs, les incunables et les recueils de poésie classique. Je n’étais donc pas en retard. Après les embrassades, après les nouvelles des uns et des autres nous rejoignîmes la statue de Georges où nous allions retrouver Amélie avec le reste du groupe.
Tous semblaient être arrivés. Déjà, par-delà l’arrière du théâtre de marionnettes fusaient des rires joyeux de retrouvailles. Une clameur de foule enveloppait les buissons, les choux décoratifs, les lupins, la panoplie de gerbéras multicolores et la baraque sur laquelle Polichinelle annonçait qu’il conterait les récits de son voyage à 15h30 et 16h30. Nous pressions le pas.
Un cercle s’était constitué autour d’Amélie. Je n’avais pas vu certains d’entre eux depuis trois ou quatre ans aussi je comptais bien rattraper le retard ! L’un avait terminé d’écrire ses contes, l’une avait entre-temps édité quelques recueils, d’autres encore avaient composé des chansons originales… de nouvelles associations avaient vu le jour… nous en avions des choses à nous dire ! Le sourire d’Amélie était plus rayonnant encore que jamais, l’ambiance était bonne et les amis heureux. Après les explications sur le déroulement de la journée nous pouvions à présent entrer dans le vif du sujet. Elle, la parisienne, qui connaissait l’endroit par cœur, nous invita à la suivre et nous emmena à « l’amoncellement de pierres », une curiosité du parc qui avait attiré mon attention car je l’avais comparé, en flânant, à l’un des chaos de Targasonne… en miniature, cela va de soi.
Il était quatorze heures pétantes. Les cloches de Notre Dame de la Salette, à quelques trottoirs, appelaient les travailleurs à reprendre le travail et les gourmands à quitter la ganache des macarons aux parfums de pistache, de caramel et de vanille, ainsi que les gâteaux aux accents japonais de la Pâtisserie Sadaharu Aoki !
Si Amélie avait choisi l’amoncellement de pierres c’est qu’il formait une sorte de gradins sur lesquels nous serions à notre aise ; un théâtre de plein air en quelque sorte.
Conformément à la demande de notre bergère au sourire rayonnant chacun avait amené la musette du pique-nique. Croyez-moi si vous le voulez, une fois que chacun eut trouvé sa pierre on entendit une musique de tire-bouchons à l’ouvrage, de cognements de verres et puis le dieu silence se posa quelques secondes sur l’assemblée. Ensuite, alors que tous avaient la bouche pleine de rires et de saucisson, Amélie se leva et nous dit un poème de bienvenue. Aussitôt assise un autre se leva et lui fit une fine réponse poétique. Chacun se répondant en essayant d’improviser un enchaînement logique, et les poèmes et les chansons se succédaient comme des guirlandes de notes sur du papier musique.
C’est ainsi que nous aimons nous retrouver, les uns disant par cœur, les autres lisant leur feuillets, les uns nous contant leur cru, les autres des Poètes à leur goût. On écoutait les uns, on écoutait les autres, tous y passèrent et tout y passa : la chanson de geste, la poésie lyrique, l’engagée, la baroque, la classique, le romantisme, le Parnasse et la poésie-chanson avec des morceaux choisis de Brassens, de Brel et de Barbara. Baudelaire, Rimbaud, Verlaine et Mallarmé vinrent gazouiller parmi nous, tout comme les serins cini locaux et les oiseaux de passage.
Les pages de poèmes côtoyaient sur nos gradins de fortune les verres de vin, les morceaux de pain et de fromage, l’application à bien dire les textes, les commentaires, les applaudissements, le sourire rayonnant d’Amélie et l’immense plaisir d’être du groupe. Le soleil était toujours aussi radieux. La passion des participantes et des participants, quant à elle, avait atteint les cieux qui jubilaient en une blancheur immaculée. Il est ainsi de ces moments qui vous font aimer l’extravagance de la vie ! Les Muses et Apollon avaient rejoint Athéna, Priape et Tyché. Je me sentais à nouveau flotter dans cet éther caressant et chaud, léger, parfumé, sans barrière, ouvert sur l’immensité, sur le tout possible, et peuplé de tous ceux que j’aime ou ai aimés… comme lorsque j’écris… cet éther que j’ai conquis à force d’idées, de crayons, d’heures d’errance et de sueurs !
Au bas des gradins, des aires de jeux pour enfants montaient des pépiements de joie, quelques larmes aussi, tandis que d’autres chérubins se coursaient sur les pelouses ou jouaient aux quilles ou au ballon. Chose que l’on ne voit guère plus aujourd’hui, des gamines faisaient une ronde en chantant. Juste à côté, au pied d’un énorme buis taillé en topiaire, deux gavroches d’une huitaine d’années en étaient venus aux mains. Leurs jeunes mères les avaient séparés et ils pleuraient tous les deux. Là-dessus, totalement indifférents aux excentricités des humains, un quarteron de colverts passait en rase-motte. Nous rangions nos poèmes, notre éloquence, nos applaudissements et les restes de nos repas au fond de nos musettes. Insouciant à notre remue-ménage Paris vivait.
Avant que les cloches de Notre Dame de la Salette ne vomissent leurs dix-huit heures nous prenions les devants. Nous étions attendus à la vigne pour la dégustation de Pinot noir dont je vous parlais plus tôt. Il est des jours où sitôt la boisson finie voici qu’elle recommence ; après tout, comme le dit le proverbe : « quand le vin est tiré il faut le boire » !
Cette vigne je l’avais longée en début d’après-midi et j’avais aimé sa bonhomie. Maintenant deux longues tables étaient dressées au pied de l’escalier de la cabane, le long d’un parterre de myosotis d’un bleu pareils aux prunelles des anges. Comme si ces anges furent rouquins des soucis parsemaient leur peau. Sur les tables une longue nappe blanche, sur la longue nappe blanche des verres, vides, entre les verres des bouteilles alignées et devant les bouteilles alignées des toasts. Lorsque je vous disais que nous allions poursuivre les agapes il n’était là du vent !
Devant la table deux dames étaient vêtues comme leurs ancêtres du XVIIIème siècle. Elles portaient chacune une robe ample, l’une marron, l’autre écrue. Elles avaient la forme d’une cloche avec une très petite taille et de larges hanches. Elles arboraient une coiffe fontange, garnie de rubans, de fleurs et de plumes multicolores. A leur bras pendait une ombrelle dont la poignée était gantée d’une fine dentelle.
Trois hommes en culotte courte les accompagnaient. Ils étaient pourvus de bas roses et d’une longue veste bleue ciel avec des retours de manches rouges. Bien évidemment le jabot blanc était de rigueur ! Ils ne portaient pas l’épée cependant mais ils reposaient leur forte corpulence sur une canne au pommeau d’argent. A leurs pieds, des chaussures plates et noires sur lesquelles scintillaient de grandes boucles attestaient du rang de nos hôtes. Nous en fûmes très honorés. Les costumes d’époque de nos nouveaux amis honoraient le XVIIIème siècle à Vaugirard ; nous ne pûmes que les féliciter pour leur plaisante authenticité.
Nous avons appris de ces gentes dames et beaux messieurs que « Le Clos des Morillons » se nommait ainsi en référence au cépage du même nom. La vigne que nous avions à côté avait été plantée en 1983 et y poussaient sept-cent pieds de pinot noir et une dizaine de pinot meunier. Chaque année cette vigne donnait deux-cent kilos de raisins ce qui remplissait trois-cent-vingt bouteilles de cinquante centilitres ! « Sachant que la barrique contient deux-cent litres et qu’aux deux-tiers un trou laisse échapper le vin, combien… » ah, comme je hais encore les problèmes de calcul ! Le millésime 2009 avait reçu « l’Orchidée d’or » qui récompense le meilleur vin rouge d’Ile de France ! Nous leur offrions instinctivement trois salves nourries de vivats !
Nous avons perçu, à l’unanimité, un vin très élégant et délicat, avec une robe d’un rubis vif et brillant. Des arômes de cassis, de cerise semblaient dominer, de poivre et de cannelle peut-être, et une longueur en bouche particulièrement agréable. Ceci-dit nous ne dégusterions que modestement car le reste serait mis aux enchères comme il était fait tous les ans. Quant aux toasts, tant la poésie creuse, ils furent vite engloutis.
Bien, après toutes ces aventures Amélie nous avait prévu une visite dessert, une ultime douceur avant de terminer l’après-midi. Un animateur de la Société Centrale d’Apiculture nous attendait.
Une quinzaine de ruches se partageaient les trois terrasses d’un enclos de deux-cent cinquante mètres carrés orienté au sud. Des enfants y étaient régulièrement invités pour apprendre à connaître le rôle des abeilles, l’essaimage, la pollinisation et la fabrication du miel. Ce qui me surprit c’est que les reines et leurs colonies étaient sélectionnées pour leur douceur et étaient adaptées à la cohabitation avec le public du parc. Je fus épaté qu’une pareille sélection puisse être envisageable !
Nous apprenions que comme les abeilles de Sète leurs sœurs parisiennes du parc Brassens butinaient, entre autre, de la bruyère, de la lavande, du marronnier, du pommier à fleurs, du prunellier, du sorbier et du tilleul. Mais « lorsque leur âme et leur corps ne seront plus d’accord que sur un point, la rupture… », alors les unes finiront sur la plage de Sète, les autres sous la Tour Eiffel.
Nous dégustions le miel, nous en achetions, et nous prenions congé.
Bien sûr, nostalgiques, nous allions quitter le Parc. Nous allions rentrer à nos hôtels respectifs, prendre une bonne douche… et nous changer car nous étions de sortie. Le rendez-vous était fixé à vingt heures pétantes à la sortie du métro Station Blanche ; vous connaissez l’endroit, le reste ne serait que féerie !
A plus tard, l’ami.