Un ange, sur un monocycle,
traînait une vieille carriole
par la traverse de Villesiscle ;
un petit chemin sans bagnole.
Je faisais, “la piquette“ aux doigts,
des bottes de poireaux sauvages
par un après-midi sans froid
où j’étais sorti de ma cage…
car je vis seul à la maison ;
alors, je vais, panier au bras,
cueillir les fruits de la saison :
le pissenlit, la fraise des bois…
Soudain, quand son timbre tintât,
que ce tintement traversa
la capuche de ma parka,
je l’aperçu derrière moi !
Pour sûr, il avait tout de l’ange !
deux ailes blanches dans le dos,
la “coupe bol“, petite frange,
chapelet sur le sac à dos…
il portait l’aube et les basquets,
affichait un sourire malin…
de nuit, il aurait pris un pet
de chevrotine, c’est certain !
Voici quelque oiseau migrateur
qui ne se fiait aux étoiles
mais aux panneaux indicateurs,
sur une espèce de char à voile !
Où allait-il ainsi accoutré ?
– la question vous paraît étrange ? –
je fis un signe pour l’arrêter,
mais savez-vous ce que fit l’ange ?
il disparut à l’instant T,
ange, monocycle et carriole ;
j’en suis encore bouleversé !
par la solitude harcelé,
j’avais dû forcer sur la gnole !