La nuit, elle bombarde
de tags tous les murs;
elle joue les loubardes,
les filles au coeur dur !
Elle s’envole peut être
le jour lorsqu’elle dort;
sa prison de salpêtre
alors change de décors,
adieu l’étiquette
de boue et de mort,
salut la perpette
il fait si beau dehors !
adieu l’étiquette,
les plissures de son corps;
du fond de sa musette,
elle dédie sa rosette
aux futures années d’or !
Elle joue les loubardes,
les filles de la rue;
la haine qu’elle bazarde,
c’est celle des exclus !
Elle n’a pas de boulot,
pas d’amour non plus
et n’a sur le dos
que des espoirs perdus;
elle partage un tripot
avec trois farfelus,
trois espèces d’ados
qui n’en veulent qu’à son cul
et qui lui piqueront son tricot
-les compères à nunue-
entre deux bécots,
dans le fond du tripot,
au premier froid venu !
Elle n’est pas loubarde
et ne joue pas non plus
à celle qui poignarde
le premier venu…
elle voudrait bien
de cette société
que la nuit elle peint
sous de drôles de traits;
il y a bien longtemps,
espérant de la vie,
encore qu’une enfant
elle m’a souri;
si vous la croisez,
elle s’appelle Annie,
avec ma poupée
soyez très gentils…
donnez-lui la main
en suivant l’avenue,
c’est un peu de chagrin
qu’elle aura de moins;
donnez-lui la main
en suivant l’avenue,
c’est un peu de chagrin
qu’elle aura perdu !