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Lettre à Dieu, mon ami.

Depuis que les bigotes du quartier

pendent leurs culottes aux bénitiers

sans se soucier de l’opinion,

qu’elles accrochent près des caleçons,

près des mirlitons du curé

leurs dentelles et leurs effets,

des balcons de ta religion,

Dieu, mon ami, lève ton veston !

 

entre les uns qui n’ont la flamme

et les autres qui te réclament,

où faut-il que je me positionne

pour ne faire de tort à personne ?

Faut-il, pour être dans le coup,

que je te parle en disant vous ?

C’est bien de ta faute après tout,

c’est bien de ta faute malgré tout

si sous ma caboche rien ne résonne !

Dieu, mon ami, gare à la pomme !

 

tu sais ce qu’il serait bien de faire

au lieu d’être deux adversaires ?

Je connais, au cœur de la ville,

un vieux meublé, sous quatre tuiles,

où nous pourrions, seuls et peinards,

devant un cruchon de pinard

refaire le monde, tranquilles,

Dieu, même si c’est difficile !

 

tu pourrais, sans y aller trop fort,

me conter l’histoire de la mort ;

je te raconterais alors la vie,

le bisness, les nuits de folie…

tu prendrais alors conscience

que tes fils n’ont pas tous la chance

de fouler les trottoirs de France,

bien que chez mes frères aussi,

Dieu, mon ami, tout est fini !

 

leur ventre chantonne le soir

la mélopée du désespoir !

alors pour eux, essaie un peu,

essaie de faire de ton mieux,

modifie la situation…

je veux bien être ton second ;

si tu le veux, je serai ton second !

allez, chausse tes bottes, enfile ton bleu,

 

sinon tu ne seras plus crédible,

on ne la lira plus, ta bible,

et les bigotes du quartier

pendront fièrement aux bénitiers

leurs culottes et leurs dentelles,

quand le vil abbé, sous leurs ailes,

priera pour que la jupe des pucelles

soit de plus en plus échancrée ;

allez, fais-nous dans l’originalité !

 

tu sais ce qu’il serait bien de faire

au lieu d’être deux adversaires ?

Je connais, au cœur de la ville,

un vieux meublé, sous quatre tuiles,

où nous pourrions, seuls et peinards,

dans la fumée de nos pétards,

au pied d’un cruchon de pinard,

d’une grosse boule d’argile

refaire le monde, tranquilles,

Dieu, façonne un monde fertile !

 

Dieu, mon ami, prends ton bâton,

plante-moi la révolution

à coups d’éclairs et de tonnerre!

ce changement, il faut le faire !

fais donc courir sur l’arc en ciel

les blancs, les rouges, les caramels ;

que les noirs, les verts, les pastels

viennent un soir à la maison,

dans cette ruelle de ma ville

un p’tit meublé, sous quatre tuiles,

pourrait bien être leur asile !

 

Au lieu d’être deux adversaires

cette révolution faut la faire !

prends ta pioche, prends ta brouette,

prends ton grimoire et ta soufflette ;

change les hommes, change les bêtes,

change les femmes et les poètes

et donne les trois coups de la fête !

 

depuis déjà belle lurette

flotte sur l’eau des bénitiers

les culottes et les effets

d’une société en goguette !

change les hommes, change les bêtes

change les femmes et les poètes

et donne les trois coups de la fête!

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