Le vent s’en est allé
happer en d’autres terres
les feuilles de peupliers,
les feuillets de prières,
le fil des habitudes,
les mots de tous les jours,
le flot des inquiétudes,
les fleurs d’arrières cours…
ici, le calme, enfin
déploie ses larges ailes ;
tout naît et croît serein !
à voir les asphodèles
étirer leurs étoiles
dans l’espace apaisé,
à oublier le râle
lugubre, échevelé
du souffle tyrannique,
on dirait que tout flotte
sous un air angélique ;
au loin rit Iscariote !
léger le pas nouveau,
le battement de cœur,
tout repart à zéro,
comme en apesanteur !
sous les blanches poitrines
des broderies altières,
l’âpre nuit se termine
ravinant de lumière…
le vent s’en est allé
rire au bout de la terre,
le calme est éphémère…
dansez dans sa trouée !