Je vous vois attablés
autour d’un plat fumant,
un civet de sanglier,
des giroles, un faisan ;
j’entends d’ici vos rires
et je sens votre vin ;
je connais les délires
des soirs entre copains…
braves gens de la terre
à l’âme merveilleuse
et je sens l’atmosphère
enfumée et joyeuse
de la vaste cuisine
où vous êtes en rond,
faisant face aux verrines
et dos aux illusions…
faisant feu de tout bois !
jonglant avec les mots !
riant de je ne sais quoi,
d’un quelconque propos !
Je vous sais à la table
des humeurs pétillantes,
la posture impeccable,
la soif d’être, béante !
et rongeant votre vie
comme un os de poulet !
je vous sais, doux amis,
grandement occupés …
aussi, je prends congé
sous une encre d’ébène,
car n’être à vos côtés
me cause grande peine !
je suis tout seul, là-bas,
les pieds et mains aux fers
sur un cercueil de choix
voguant en toutes mers !
« Un jour je serai grand
et je serai marin ! »
qu’est ce qu’on est con, enfant,
j’étais si bon terrien !