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Dialogue au jardin John LOCKE (2025)

John Locke (philosophe anglais) 1632 / 1704





Courant philosophique de John LOCKE

En philosophie politique Locke est considéré comme l’un des fondateurs du libéralisme. L’État n’est légitime que pour servir les intérêts civils des individus. La liberté étant offerte par Dieu aux hommes dès l’état de nature, ceux-ci doivent la conserver par contrat.

Les 3 droits fondamentaux pour John LOCKE

Le droit à la vie et à fonder une famille,

Le droit à la liberté,

Le droit à la jouissance de ses biens et à l’échange.









Pardonnez-moi, mais… vous cherchez quelque chose ?

Qui sait…

j’attends demain… quelque ouverture au coin des cieux ;

J’attends la porte d’un avenir radieux !

Et comment peut-on attendre demain ainsi, le nez en l’air ?

Et quelle sorte d’ouverture pistez-vous… vous dites un avenir radieux !

J’attends l’inspiration nouvelle, le mot, le verbe, l’adjectif, l’ivresse, le petit plus qui déconcerte, j’attends la rime, la prosodie, la musicalité !

Le voilà le contour de l’avenir radieux !

Ensuite il n’y aura plus qu’à colorier la forme avec de l’humour, des rires et de l’amour, et c’est tout, c’est aussi simple que cela !

Tiens donc…

Et la forme est de quelle forme chez vous ?

Et l’humour, les rires et l’amour sont de quelles couleurs ?

Ne vous seriez-vous pas égaré en quelque foi naïve par hasard ?

Bien sûr que non, c’est de cette manière-là que demain doit se préparer ; avec minutie !

Savez-vous que la rime a un pouvoir surnaturel ?

Euh… vous droguez-vous ?

Non, pas le moins du monde, j’éprouve seulement le besoin de m’envoler, de convoler, de savoir, de trouver le rythme en quelque sorte !

J’erre sur la trace des anciens, je batifole à leurs côtés !

Au travers des Contemplations d’Hugo, des Amours jaunes de Corbière et des Paradis Artificiels de Baudelaire je cherche la voie du Paradis dissimulé, celui que nous foulons chaque jour sans même y prendre garde !

En fait j’acquiers de l’expérience, et la nuit j’accouche de mon propre horizon !

 Hum… la nuit… vous accouchez… 

Seuls les méandres de la nuit transmutent l’idée en images, en couleurs, en senteurs, en émotions, en sentiments ; vous comprenez ?

Seule la paisibilité de la nuit permet de trinquer à l’élixir universel !

Seule la nuit dompte la lumière et chevauche les brumes !

Je suis la lyre des muses, le Roger Bontemps du simple et de l’allant des nues ; je suis… je suis… je suis… le Poète.

Mais chaque abîme est béant, la tâche est impossible !

Qu’est-ce alors aujourd’hui « être Poète » : une chance, un cauchemar, une prison peut-être, un traquenard ?

Rien de cela, seulement un cheminement fait de gouttes : goutte de sueur, d’encre, de sang, d’hypocrisie, de contrefaçon !

Je témoigne de l’aube, du crépuscule, des famines et des banquets de l’amour, de la ronde des jours, de toutes sortes de douceurs et de violences… puis je pétris méticuleusement la pâte et la façonne en rimes !

Ma verve est à la fois mensonge et vérité, mon souffle est le reflet du temps qui passe, mon espoir c’est aujourd’hui !

Sans cesse, pour vous je vis et je trépasse !

Pour nous… ou pour vous ?

Mais qui donc vous lit encore, Poète, qui vous prend encore au sérieux ?

Vous n’êtes plus rien l’ami, plus rien !

Cassandre hurle aux vautours, Marie se dope à l’ecstasy, l’Orphée d’Apollinaire est lesbienne, Mélibée a croqué ses moutons et l’oiseau de Prévert s’est fait prendre à la glue !

Ha, ha, alors que dites-vous de cela ?

Alors je dis que c’est pour eux, et que c’est aussi pour vous que je dois poursuivre mon œuvre, sans relâche !

Je dois montrer le bon chemin… et c’est pour cela que paraissant attendre demain, sur ce banc, incognito je le façonne !

Vous le façonnez… incognito…

Certes, vous n’êtes pas comme tout le monde… vous êtes bien difficile à cerner !

Vous trouvez-vous plutôt excentrique, insolite, farfelu, baignez-vous dans quelque douce innocence ?

Ne vous prendriez-vous pas pour quelque sauveur par hasard ?

Sauveur ?

Oh, comment le pourrais-je !

Il me semble, cher ami, que la notion d’« altérité » vous est tout simplement étrangère ; je me trompe ?

Effectivement je ne sais de quoi il s’agit, qu’est-ce donc ?

L’altérité est un concept d’origine philosophique qui signifie « le caractère de ce qui est autre» et « la reconnaissance de l’autre dans sa différence »… la différence qu’on entend de manière ethnique, sociale, culturelle ou religieuse.

D’ailleurs, en quoi me trouvez-vous différent de vous ?

Eh bien…

Semblons-nous avoir un fossé qui nous sépare ?

A moins que ce soit vous alors qui soyez différent de moi, ah, ah !

Lequel d’entre nous est différent de l’autre, hein ?

Eh bien, comment résolvez-vous ce dilemme ?

Effectivement je vous demande pardon, je ne souffre d’aucun complexe de supériorité !  

Mais avouez quand même qu’il est assez déconcertant de rencontrer un type qui, assis sur un banc, en plein jour, les yeux au ciel attends demain, quelque ouverture au coin des cieux, la porte d’un avenir radieux… et qui vous raconte attendre également la nuit pour accoucher de son propre horizon, non ?

J’ai lu quelque part que l’excentricité est l’un des symptômes les plus importants chez l’HPI, qu’il a tendance à penser autrement que les autres en raison de son caractère unique.

J’ai lu aussi qu’il est fasciné par le monde des idées, comme vous, et qu’il a le goût des débats, des discussions, des réflexions sur le monde qui l’entoure !

Peut-être êtes-vous HPI finalement !

Avez-vous consulté ?

Consulté ?

Victor Hugo considérait le poète, je le cite, « comme un visionnaire capable de voir le futur lorsque les hommes demeurent figés dans le présent ou le passé ! », pas comme un malade !

En fait le poète est juste un lien entre le présent et le futur !

Et si le haut potentiel intellectuel est considéré comme une forme de neuroatypie, je vous rassure il n’est pas une maladie non plus, juste un fonctionnement cérébral différent, c’est tout !

Certes.

Je ne sais pourquoi mais voir l’autre différent nous dérange au plus haut point… pourquoi subissons-nous cette tendance naturelle à vouloir ranger les êtres humains dans des catégories ?

Ce qui induit inévitablement des effets d’aprioris, d’injustice, et même d’exclusion !

Je crois qu’il suffit, pour y remédier, d’avoir une large vision d’esprit, ce que l’on ne peut travailler qu’en côtoyant des personnes censées, en voyageant pour bien se rendre compte qu’ailleurs la différence est bien souvent un atout, et en se plongeant dans la nitescence des arts !

Je vous avoue bien volontiers que j’ai sauté les barrières de la différence en prenant le vent de Proust au travers de A la recherche du temps perdu, de La divine comédie de Dante et de La comédie humaine de notre cher Balzac !

Et l’antidote à la bêtise c’est bien là que vous le trouverez, là au cœur même des bestiaires de l’humanité !

Dites-moi, voilà une chose que je serais curieux de savoir, lors de vos sorties dans les nues, dans vos éthers privés, avez-vous rencontré ces fameuses muses auxquelles le poète grec Hésiode faisait déjà référence sept cents ans avant JC, et dont tous les écrivains parlent aujourd’hui comme si elles étaient de franches copines ?

Bien entendu… avez-vous un doute sur leur existence ?

Je ne me suis jamais posé la question…

les côtoyez-vous peut-être ?

Mieux que ça, sans cesse je les courtise !

Elles se nomment Clio, Euterpe, Thalie, Melpomène, Terpsichore, Erato, Polymnie, Uranie et Calliope !

Ce sont les neuf filles de Zeus et de Mnémosyne… des créatures aux lèvres finement esquissées sur d’édéniques silhouettes !

Sans elles le voyage serait vain, inutile, car ce sont elles qui vous insufflent l’idée, et ce, parce qu’elles vous ont choisi !

Oh !

Oui Monsieur, Choisi !

Vous êtes en quelque sorte l’élu, malgré vous, et vous ne pouvez vous y soustraire !

C’est ainsi que cela se passe dans l’extraordinaire entendement !

Attendez, attendez… asseyez-vous… vous ne pouvez vous y soustraire… alors, si je comprends bien le Poète est un esclave dans cet extraordinaire entendement, le souffre-douleur de ces espèces d’amazones du firmament ?

C’est bien cet état de chose, en tout cas, que décrit La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire non?

L’avez-vous lu ?

Non, je n’en ai pas eu le loisir…

Mais ne sommes-nous pas tous esclaves de quelque chose ou de quelqu’un sur cette terre ; vous le premier ?

Moi ?

Non, je n’ai pas ce sentiment ; esclave de quoi au juste, de qui ?

Esclave de vos préjugés par exemple, d’une passion inavouée, de votre passé, de votre but dans la vie, de votre cœur, esclave de votre femme peut-être, de l’obsession de la mort ou de la vie éternelle pourquoi pas ?

Je ne suis pas esclave sciemment en tout cas, rien ne m’attache vraiment ni rien ne m’empêche de passer mon chemin le plus aisément possible !

Mais vous me parlez de la mort et de la vie éternelle, à ce propos avez-vous déjà croisé Dieu lors de vos pérégrinations célestes ?

Je ne l’ai que ressenti ; vous savez l’apparence physique n’existe pas dans les mondes éthérés… sauf pour les muses bien sûr, mais là c’est différent.

Et vous-même l’avez-vous rencontré sur le plancher des vaches ?

Oh je n’ai pas cette prétention, hiérarchiquement je ne me suis arrêté qu’à Père Olivier !

Il est homme simple, sincère et généreux.

Il fait le bien lorsqu’il le peut.

On dirait qu’il ne vit que pour Dieu qu’il sert d’une manière remarquable !

Son église est bien petite mais pour notre village elle suffit ; jamais pleine le dimanche mais jamais vide pour les vêpres… je pense Père Olivier heureux ainsi !

Et puis avec nos femmes et nos enfants nous sommes quelque part ses brebis, et cela semble le satisfaire vous ne trouvez pas ?

Faites attention à ce que vous dites, les termes de satisfaire et de brebis peuvent prêter à confusion aujourd’hui !

Evidemment, j’oubliais qu’avec tous ces libers machins il est vrai qu’il vaut mieux tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler, mais rassurez-vous je ne suscitais rien de salace dans mon propos !

Etes-vous client de votre Père Olivier ?

Alors mauvais client seulement !

Autrefois je fréquentais l’église plus assidûment, pour Pâques, pour Noël, quelques dimanches trop froids et surtout pour les rogations lorsqu’on lui demandait la pluie pour les vignes et le soleil pour les salades !

Aujourd’hui, seulement pour les mariages et les enterrements !

Ma femme fréquente davantage la maison de Dieu… par habitude… sûrement…

Hum… elle est à un âge où l’on aime bien croire à l’Eternel, papoter un brin avec lui, se rassurer, entrer dans ses bonnes grâces… enfin au cas où quoi…

C’est une bigote ?

Que nenni, ni elles ni ses amies de la chorale !

Les bigotes ce sont les autres celles qui reluquent leurs voisins de banc, les médisantes !

Avec père Olivier nous n’avons pas les mêmes chimères mais comme lui je fais le bien lorsque je le peux, je suis sincère et généreux ; moi aussi je suis homme simple !

Aussi, si l’on en croit Saint Matthieu le royaume des cieux nous est donc ouvert à tous deux !

Père Olivier ne vieillit pas et ses idées sont immortelles, il prêche le droit à la vie, l’amour et la paix qui sont des valeurs essentielles ! Du coup Dieu nous habite peut-être tous les deux et tire aussi nos ficelles… comme le font avec vous ces créatures aux lèvres finement esquissées sur d’édéniques silhouettes !

Croyez-vous que Dieu aurait créé l’homme impur ?

Oh, je ne me risquerai pas sur les sentiers escarpés du mysticisme ! Là, mon bon ami, je laisse volontiers Saint-Augustin, Erasme ou Blaise Pascal vous répondre, ils sont sur la question autrement plus calés que moi !

Non, pour ma part la théologie est plutôt une science qui s’apparenterait assez à de la politique voyez-vous… vous ne trouvez pas ?

Oui, s’en est probablement une forme !

En tout cas la politique n’est pas ce jeu de harangues, cette vulgarité, cette infinie tristesse à laquelle s’offrent ouvertement ces femmes et ces hommes que nous élisons… soi-disant pour nous représenter !

Ils ne sont tout au plus que de mauvais clowns auréolés d’une poix dont leur orgueil n’est pas prêt de les dépéguer !

Et croyez bien qu’il en est de même de tous les politiciens du monde entier !

Vous ne semblez plus croire en nos représentants politiques ; vous ne les appréciez guère on dirait !

Que signifient toute cette effervescence, toutes ces contradictions pour vous ?

Oh plus rien, je m’en détourne, je m’en fous !

Trop de bouillonnements et de désordre tuent la politique !

Ni rime ni prose poétique mon pauvre, nos politiciens sont bien vieux et nos jeunes loups trop affamés !

Nous bouffons du discours improductif à longueur de journée, nous patinons dans l’inaction !

Alors tchao bambino, j’ai autre chose à faire !

Eh oui, toujours ces créatures aux lèvres finement esquissées sur d’édéniques silhouettes… je comprends !

Vous vous foutez de moi !

Nullement, je ne me le permettrais pas !

Notez que si elles vous siéent vous auriez bien tort de les délaisser pour quelques artéfacts de droite, de gauche ou du centre !

Mais du coup où est le juste milieu ?

Que serait-il mieux de faire pour éviter la guerre selon vous, armer les plus faibles ou désarmer les plus forts ?

Et bien seulement établir l’équilibre des puissances, l’inviolabilité de la souveraineté nationale et la non-ingérence !

On ne peut pas faire plus simple, c’est limpide comme de l’eau de source non ?

Ah… bien sûr… je me souviens… dessiner d’abord le contour d’un avenir radieux, et ensuite il n’y a plus qu’à colorier la forme avec de l’humour, des rires et de l’amour, et c’est tout, ce n’est pas plus compliqué !

Mais vous parlez comme un livre l’ami, et que faites-vous de ces ingérables, ces fous au pouvoir à travers le monde ?

Ah, sur le sujet Platon avait déjà conçu, au IVème siècle avant JC, l’idée que seuls les sages sont aptes à exercer le pouvoir !

Mettre un terme au chaos politique était son obsession !

Pourtant, le tyran Denys de Syracuse approché pour mettre ce principe en pratique n’a rien voulu entendre… idem pour tous les autres dictateurs depuis !

Dites-moi, quand vous parlez de dictature vous faites aussi référence à notre pays, actuellement… à celui qui le gouverne ?

Non, l’unique question que l’on doit se poser aujourd’hui est : la France est-elle toujours une démocratie ?

Et la réponse est que nous le sommes effectivement puisque nous répondons aux trois critères fondamentaux :

– Un système de désignation des représentants avec des élections libres, donc une forme de souveraineté populaire…

– Des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire séparés, avec des pouvoirs de contrôle les uns sur les autres…

– Et un Etat de droit, puisque la France respecte bien les droits fondamentaux que sont la liberté de conscience, de la presse, d’expression, de réunion, ou encore le droit au procès équitable… vous n’êtes pas d’accord ?

Si, si…

Vous voyez les choses autrement peut-être !

Oh tout est une question d’interprétation je suppose, de ressenti, de philosophie personnelle !

A vous entendre nous avons un superbe logement, mais je ne sais pourquoi j’ai grandement l’impression qu’il est vide ou mal meublé, non ?

A moins qu’il ne soit juste que mal isolé et pourvu de tapisseries démodées !

Descartes semblait nous dire que si l’imperfection est un état permanent chez l’homme, elle n’est pas pour autant la marque de sa corruption !

Il nous disait aussi que l’imperfection est peut-être un état négatif qui enferme une certaine positivité… cela fait écho à quelque chose chez vous ? 

Absolument… et si ma tante en avait on l’appellerait tonton… vous le lui avez dit çà à Descartes ?

Pareil pour Nietzsche d’ailleurs, qui propose, pour simplifier les choses, d’intégrer le négatif dans le positif, le bien dans le mal, le bon dans le mauvais… mais je ne vois pas où cela pourrait conduire notre discussion, ni à pied, ni à cheval, ni en voiture !

Pardonnez-moi mais il me semble que si l’homme est imparfait de naissance, alors quelques manipulations génétiques pour le sublimer valent mieux que tous les raisonnements de la terre ; attendons demain !

« Oh, demain c’est la grande chose ! De quoi demain sera-t-il fait ? » se demandait  Victor Hugo en son temps !

Et nous sommes toujours là, mal en point certes, mais nous sommes toujours là !

Vous le savez, dans les années 1890 Freud est venu passer l’homme au banc, ah, et qu’a-t-il vu sur l’écran ?

Tout serait monté à l’envers… oui Monsieur !

Bien sûr il a tout remonté, tout ajusté, tout graissé, Platon a invité les hommes à quitter la caverne, Heidegger a exposé sa théorie du néant, Sartre a banni l’individualité, Platon a préparé le banquet, l’humanité a mangé son ego tout cru et tout est reparti comme avant !

« Miroir magique au mur, qui a beauté parfaite et pure ? »

Effectivement, qu’avons-nous dans la tête à toujours vouloir plus… plus de richesse, plus de maîtrise, plus de pouvoir, plus de beauté, plus d’amour… avec la célébrité et la gloire en sus cela va de soi !

« Le pauvre n’est pas celui qui a peu, mais celui qui en veut toujours plus » nous dit Sénèque !

Et qu’a répondu le miroir à Sénèque… « Célèbre est ta beauté, Majesté ! Pourtant une jeune fille en loques, dont les haillons ne peuvent dissimuler la grâce, est hélas encore plus belle que toi ! » 

Alors sont venus Debussy, Bach et Mozart, Baudelaire et Rimbaud, le Lac des Cygnes et le vilain petit canard, la Petite Fille aux Allumettes et le Père Noël, de magnifiques arcs-en-ciel et des aurores boréales colorer un brin nos neurones !

En fait j’en viens à penser comme vous, dans ce monde tout est affaire de couleurs !

Tiens, à propos de neurones je serais curieux de savoir comment vote le Poète ?

Ah… si l’idée politique de tout un chacun se connecte aux évènements présents, celle du poète se connecte aux sentiments des gens !

Du coup sa vision de l’existence ne se résume pas à un bulletin de vote, ou bien à celui d’une autre élection, celle des harmonies !

Harmonie, amour de ses semblables, altruisme, effectivement j’ai déjà vu ça chez Aristote !

D’ailleurs comment définiriez-vous l’altruisme ?

L’altruisme c’est juste donner un peu de son temps, bénévolement !

C’est réfléchir, c’est dialoguer, c’est vouloir bannir la misère, c’est s’investir dans le combat, c’est être honnête, c’est être sincère, c’est croire en la lutte quotidienne, c’est chercher les voix du soleil, aller en cueillir les rayons, les partager entre frères, c’est sauvegarder la paix au foyer, fêter toutes les victoires, c’est croire fermement en la race humaine ; c’est avant tout « po-si-ti-ver » !

Positiver, avoir de l’empathie, aider et ne rien attendre en retour !

Même si pour Aristote « l’altruisme doit toujours s’accompagner de motivations égoïstes » il n’est juste que l’exact contraire de l’égoïsme ; une affaire de cœur, encore de cœur, toujours de cœur mais de grand cœur !

Tiens, étrange pour un poète, depuis le début de notre conversation vous n’avez pas encore mentionné la femme !

Sur quel trône la placez-vous dans cette pagaille orchestrée ?

Dois-je vous rappeler que depuis les troubadours, au douzième siècle, la femme est une poésie qui jamais ne connaîtra de fin !

La voilà coiffée de louanges pour l’éternité !

Certes je reconnais là le langage du poète, mais coiffée de louanges est peut-être un peu fort, et l’éternité c’est quand même l’inconnue, pas vrai !

De plus, notez que de nos jours le troubadour est devenu piètre joueur non ?

Selon vous, machisme ou rancœur ?

Hum… croyez-vous que le romantisme se meurt ?

Certainement pas ! Les yeux, les larmes, la bouche, les lèvres, la fossette… mais des cœurs en mal de vivre en proie à des violences physiques, des tortures psychologiques et des féminicides qui obscurcissent sans cesse notre époque ; l’homme s’est bel et bien perdu, l’ami !

Pensez-vous que par la femme puisse passer notre libération ?

Eh bien…

Dites-moi…

Malheureusement, après avoir passé l’homme au banc Freud a aussi rajouté : « Après trente ans passés à étudier la psychologie féminine, je n’ai toujours pas trouvé de réponse à la grande question : Que veulent-elles au juste ? »

C’est une boutade ?

Absolument pas, Freud l’a réellement dit !

Et avons-nous la réponse aujourd’hui ?

Oh, je crains que nous ne l’ayons jamais ! Cependant, des recherches menées en 2023 révèlent que les femmes souhaitent se sentir désirées en raison d’une interaction complexe de facteurs.

Ce qui inclut le besoin d’intimité émotionnelle, le sentiment d’être valorisées dans leur relation, la recherche de sécurité, l’importance d’une image de soi positive, et la liberté !

Et c’est tout ?

Comment c’est tout ?

Cette étude ne fait pas cas de la « misandrie » par hasard, la mi-san-drie, ce sentiment de mépris, d’hostilité que de plus en plus de femmes éprouvent à l’égard des hommes !

N’exagérons rien !

Sachez mon brave que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières

Si vous parlez du blanc, soyez honnête, évoquez également le noir !

Mais oui… je vois où vous voulez en venir !

Savez-vous que cette image de « la femme hystérique » remonte aux origines du préjugé sexiste ?

Préjugé sexiste ?

Mais non, mauvaise langue, ce n’est pas à cela que je pensais, mais voilà une discussion qui nous ferait volontiers remonter à Adam et Eve… et vous le savez de la femme à Dieu il n’y a que l’espace d’une pomme ; si nous devions évoquer les sources de la discorde nous y passerions la journée !

Tenez, à ce propos, croyez-vous que Dieu fera aussi partie du recommencement, de cette société nouvelle où la femme renaîtra de ses cendres ?

Ave Janus, que le bon sens soit à l’origine du recommencement !

N’ayant que les ténèbres au-dessus de l’abîme, Dieu dit : « Que le bio soit ! »… et le bio fut !

Dieu créa le bio à son image et Dieu vit que le bio était bon !

Ainsi il y eut un soir ; ainsi il y eut un nouveau matin… ah, voyez que Dieu est toujours là !

Et vous pensez que les gens croient toujours au dieu bio ?

Oui !

Le dieu bio est venu au monde pour que l’homme se souvienne que la pomme, le chou et le poulet étaient meilleurs sans pesticide ! Chacun sa bêche et son fumier, chacun sa terre, son eau, son feu et la guerre du foie n’aura pas lieu ! 

On appelle ça la « conscience collective » !

Au petit matin la conscience collective parla aux hommes des bonnes attitudes à adopter pour préserver leur planète et leur santé !

Ainsi parla la Zarathoustra de l’appendice, et les nouveaux apôtres du sillon se levèrent !

Surprenant, non ?

Pourtant beaucoup en reviennent, le bio est trop cher, combien de producteurs et de consommateurs font machine arrière ?

C’est une évidence mon ami, la poussière fuit par les trous de la passoire !

Et mis à part tenter de cuisiner les aliments les plus sains possible que faites-vous de vos journées?

Comme le disait Paul Léautaud « Je m’amuse à vieillir. C’est une occupation de tous les instants ! »… mais mon vide est fort rempli et je ne m’ennuie guère !

Oh, si j’osais parodier Jules Renard je vous dirais que « Quelques gouttes de rosée sur une toile d’araignée, et voilà une rivière de diamants ! » 

Eh bien, pour tout vous dire, je cultive la planète des labours, la planète des blés jaunis, puis celle de la vigne en fleurs, celle du rire et des balades, la planète de l’entraide, celle de la gastronomie, de la musique, celle de l’amitié, du dévouement, la planète de la force et de la volonté, celle du partage, de la simplicité, celle du respect, de l’admiration, celle des sciences, de la culture, la planète de la joie de vivre, celle du rire et du sommeil, des couleurs exceptionnelles, la planète des cascades de parfums, celle des vingt saisons… et celle de ma vérité… vingt-deux, le compte y est !

Là vous impressionneriez Maxime Gorki qui vous répondrait aussitôt que « La sagesse de la vie est toujours plus profonde et plus large que la sagesse des hommes ! ».

Evidemment tout est affaire de choix : le choix du chemin, le noir ou le blanc, la liberté ou l’obligation, le cœur ou la raison, la gauche ou la droite, l’amour ou l’indifférence, l’envie ou le dégoût, le passé ou l’avenir, la lutte ou l’oppression ! 

Pulchra véritas l’ami, belle vérité, mais à chacun la sienne !

Et quelle fin peut bien être la mort selon vous ?

Est-ce là une fin politique, artistique, philosophique peut-être, la fin de nos sens, d’un idéalisme, la fin de l’égoïsme, d’un questionnement, d’une interprétation… la fin du monde ?

Comme nous le disait Francis Bacon « Si on commence avec des certitudes on finit avec des doutes. Si on commence avec des doutes on finit avec des certitudes ! » 

En ce qui concerne la mort nous verrons bien au moment venu !

Mais il n’est pour l’instant, l’ami, que la fin de l’après-midi et vous êtes déjà à demain, à votre demain !

Est-ce que le coin des cieux que vous pistiez, s’est enfin ouvert ?

Magnifiquement ouvert, béant, et ce grâce à vous… Monsieur !

Notre génération d’idées va maintenant me permettre de travailler ces délicieuses images que nous avons mises en évidence, et auxquelles, en une jouissance infinie je vais pouvoir donner vie !

Après cette ardente grossesse spirituelle qu’on appelle l’inspiration, l’heure de la création est venue !

Créer, voilà ce qu’est  « l’accouchement » du poète !

Eh bien je n’ai plus qu’à vous souhaiter une prompte et prolifique délivrance l’ami !

Les méandres du jour vont s’étioler, je cours transmuter l’idée en images, en couleurs, en senteurs, en émotions, en sentiments !

Ma nuit va enfin démarrer et seule la nuit permet de trinquer à l’élixir universel!

N’oubliez pas, seule la nuit dompte la lumière et chevauche les brumes !

Adieu !

Certes, il n’est pas comme tout le monde non ?

Il est bien difficile à cerner !

Ne le trouvez-vous pas un brin excentrique, insolite, farfelu…

ne baigne-t-il pas dans quelque douce innocence ?

Ne se prendrez-t-il pas pour quelque sauveur par hasard ?

Que voulez-vous, c’est un poète !

Emile CHARTIER nous dit que « Rien n’est plus dangereux qu’une idée quand on n’a qu’une idée »… médite cette pensée l’ami !

Etrange non ? Adieu !

Mesdames et Messieurs, même si la philosophie détourne des tâches mondaines, comme le disait le personnage de Calliclès à Socrate dans Gorgias, alors que les problèmes de la vie exigent des solutions pratiques, ponctuelles, pour que nos choix soient libres il faut qu’ils soient néanmoins rationnellement éclairés et motivés !

La philosophie saura alors vous fournir les outils qui vous permettront de comprendre le monde, d’y trouver l’apaisement et d’ensoleiller votre quotidien !

Adieu !