Ce soir les muses font relâche,
ce soir personne ne cravache,
ce soir les muses n’ont la fibre,
ce soir, enfin, j’ai quartier libre…
ce soir je vais rouler ma bosse
dans quelque cul de basse-fosse,
j’entends par là “je vais pieuter“,
j’entends par là “je vais rêver“,
j’entends par là “je vais errer“
au gré de la naïveté
des perles bleues de l’insouciance,
des contreforts de l’inconscience…
je vais gueuler, je vais pleurer,
je vais jouir, je vais planer,
je vais sombrer dans l’infini
des enfers et des paradis,
je vais retrouver les copains,
les poètes et les putains,
toute la clique d’excentriques
qui me fout le spleen et la trique !
puisqu’il n’y a plus de cinéma,
ce soir, enfin, je pars chez moi,
puisque c’est le jour où l’on ferme,
ce soir, enfin, je pars “en perme“ !
je pars boire à l’air du pays
des liqueurs de tout acabit,
des liqueurs qui roulent les R,
breuvages révolutionnaires !
ce soir je ne devrai de compte,
ni à Dieu, ni au roi, ni au comte ;
ce soir, enfin, pour une fois,
je brillerai de mille éclats ;
ce soir, enfin, sans oripeau,
sans étiquette dans le dos,
sans vie, sans âme et sans trépas,
GARRIGOU dans tous mes états
je serai moi…et rien que moi !