Partout des grosses vagues et des coulées de boue,
des routes qui s’effondrent, des bateaux qui s’échouent,
des rivières en crue, des cultures ruinées,
des milliers d’âmes devant tout abandonner ;
partout des gaz nocifs et des coulées de lave,
des tremblements de terre, des cabanes à esclaves,
des terres craquelées où le feu règne en maître,
des contrées où l’on tue encore la fille à naître ;
tant de glèbes que l’homme met à feu et à sang
y brûlant la charrue, y installant le carcan ;
tant de ventres creux et de dignité perdue,
tant d’enfants maltraités et de regards perdus ;
partout, au fil des rues, des corps sous des cartons,
ronflant le mauvais vin des longues nuaisons,
des files de chômeurs et des filles engrossées
par l’étoile radieuse de la nativité,
des champs de rêves, des tickets de loterie
et des paquets éventrés de cochonneries,
des vies par procuration, des esprits obèses,
de mauvais courants d’air, de mauvaises exégèses,
des nuées de mouettes sur les grands boulevards,
des vieux cons, des putains et de nobles connards
encore main dans la main, comme en ces temps joyeux
où la terre tournait rond sous l’égide des cieux !
et des poètes encore qui n’ont rien d’autre à foutre
que d’aller téter la métaphore à l’outre…
qui donc va se dresser, qui va traiter l’urgence,
ceux de l’opposition, ceux de la présidence ?
démence…