Des géraniums sur les murettes,
des lauriers roses dans les cours,
des mains de cyprès alentours
et le vol rasant des fauvettes ;
des coquelicots à foison,
des nids d’hirondelles bâtis
sous les tuiles et les appentis,
des rideaux brodés aux maisons ;
des portes bleues à moustiquaires,
un bonjour qui sort, un bonsoir,
quelques poules rousses, un chat noir
et des bleuets aux gibecières…
puis, pacifistes casqués de vert,
des régiments de pieds de vigne,
en un garde-à-vous rectiligne
récitant leurs antipater ;
le vent qui corne jour et nuit
dans les chêneaux et les serrures,
les dégradés d’enluminures
sur les fenouils après la pluie…
et la voix roque et chaleureuse
de qui foule au pied le raisin,
des tapis d’aiguilles de pin
sur une terre rocailleuse ;
l’huile sauvage des romarins
et des ciels de cigales vives,
le goût des vendanges tardives,
la garde-robe des grands vins…
et la peau satinée des femmes,
leur corps parfumé par l’été,
la fougue altière des baisers
et tant de désirs qui s’enflamment…
puis des orages de couleurs
et des cascades de tendresse,
la grande saison des promesses
et les crêpes de chandeleur…
“le quotidien à minima !“
ici,
la vie roule calme et sereine !
pourquoi donc se charger de peine ?
pourquoi donc parler de trépas ?
à quoi servirait donc la haine,
la dispute et la guérilla ?
notre terre avance à grands pas,
enterré le phylloxéra,
nous donnons vie aux éoliennes !