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A vous quatre

Peu importe qu’un jour le thym ne fleurisse plus ;

pour qui exhale-t-il encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour proche le soleil implose ;

pour qui s’entête-t-il encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour le ruisseau soit à sec ;

pour qui serpente-t-il encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour les cigales se taisent ;

pour qui craquètent-elles encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour les gratte-culs s’étiolent ;

pour qui mûrissent-ils encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour l’école ferme ses portes ;

pour qui le poêle fume-t-il encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour brûlent les cahiers de morale ;

pour qui la déférence subsiste-t-elle encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour se fanent les drapeaux rouges ;

pour qui la lutte est-elle le point du jour encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour gauche et droite se perdent ;

pour qui les idées usées prônent-elles encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour la petite église s’effondre ;

pour qui doit-elle demeurer debout encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour nous ayons cru à Dieu ;

pour qui sa main sera-t-elle salvatrice encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour on nous donna le message ;

pour qui a-t-il l’odeur de la justesse encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour la camarde nous alpague ;

pour qui la fin est-elle une idée noire encore

sinon les gens de vignes, les poètes, les grillons ?

 

Peu importe qu’un jour je ne cuisine plus

ces tendres allégories que je cueille dans les nues ;

pour qui donc mes images clopinent-elles encore

sinon les gens de vignes, vous quatre, et les grillons ?

 

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