L’un était curé, l’autre était viticulteur,
l’autre était ébéniste et l’autre instituteur…
plus loin un « Mr le Comte »… bien des gens disparates ;
mélange d’os de bougnats et d’aristocrates !
Puis, régulièrement, posant sur des photos,
des anciens moustachus de la Ligne Maginot…
et gravé à la pointe sur de froids marbres gris,
cette glorieuse inscription : « Mort pour la Patrie ».
Partout des chrysanthèmes et des pensées de soie,
des colombes qui roucoulent, et des signes de croix
qui filent à la hâte de visages éteints ;
un pré de croix par un mur de cyprès enceint.
Quelques petites vieilles, qui demeurent encore,
l’arrosoir à la main dès que pointe l’aurore,
charriant l’eau, deux glaïeuls, la canne brinquebalant
et pensant à leur proche futur grimaçant…
plus loin un mitron, un commerçant, un pompier,
tous face à face de chaque côté de l‘allée,
séparés par un long drap de gravillons blancs,
les uns bien costumés, les autres en balandran…
d’autres femmes évoquant le vieux temps à voix basse,
– tant de souvenirs que volontiers on embrasse –
le portail qui crisse à chaque allée et venue
séparant le monde décadent du déchu…
de jeunes anges se coursant à tire-d’aile
entre le nid des bleus et ceux des Dardanelles,
et dans le ciel, là-haut, un splendide soleil…
et dans la terre, en bas, un splendide sommeil.