Que penserais-tu de l’admirable merdier,
si tu étais, grand-père, toujours à nos côtés ;
si tu pouvais de tes Corbières Occidentales
nous siffler les refrains des grèves générales ?
Comment appréhenderais-tu le grand foutoir ?
Dans cet immense bordel, aurais-tu l’espoir
de retrouver enfin quelque saison clémente
où l’homme jouirait de concorde et d’entente,
où l’enfant réapprendrait de son banc d’école
à ne plus adhérer aux idées “Picrocholes“ ?
Quels seraient tes mots pour aiguillonner la foule
qui va de dos ronds en étranges culs-de-poules ?
Et comment analyserais-tu le progrès ?
Et que penserais-tu des vagues d’immigrés ?
Comment verrais-tu les hommes qui nous gouvernent
et de quelle grosseur verrais-tu nos gibernes ?
Comment t’y prendrais-tu pour sauver la nature
et pour foutre le feu aux bureaux de questure ?
Comment offrirais-tu la joie aux portefaix ;
dis, grand-père, comment graverais-tu la paix ?
Dis, grand-père, comment stopperais-tu la pluie,
l’égoïsme, la haine, l’ignorance et l’ennui,
et la peur et l’angoisse de périr à feu doux ?
Et comment écarterais-tu les gabelous ?
Que dirais-tu à ceux qui meurent de solitude,
à celui qui vit parce que toujours il exsude,
à la femme qui doit aller tête couverte,
qui n’a pour seule voie que celle de sa perte ?
Et quels maux réserverais-tu aux chefaillons
qui harcellent sans cesse des troupeaux de moutons ?
Dis, comment tordrais-tu le cou à l’injustice,
à la souffrance, au vice, à la fausse justice ?
Mille pardons grand-père de t’avoir réveillé,
toi qui connus la guerre et le ciel bleu d’été…
n’ayant sur terre personne qui me comprenne
je me suis permis de toquer à tes persiennes ;
s’il est quelqu’un là-haut qui connait le chemin,
mettez-vous en route il faut façonner demain !