Le Cers était léger,
le souvenir tenace ;
le lièvre était passé
et je cherchais sa trace !
au milieu de la vigne
je courais l’ancien temps,
jouais de l’interligne
et traquais l’inconscient…
sans fusil ni cartouche,
ni chien, ni cri… ni vie,
une feuille à la bouche
j’allais en rêveries ;
de fous rires en pleurs,
de hoquets en grimaces,
les rouquettes en fleurs
parfumaient mes audaces,
le Cers était léger
et ma quête tenace,
le lièvre était passé,
je trouverais sa trace !
et partout sur la vigne
flottait ce fameux chant !
en ses rimes malignes
sautillaient tant d’accents !
au feu les vieilles souches,
le grenache fini,
la Carthagène en bouche
n’est plus que gazouillis !
gazouillis ou rumeur,
l’histoire, hélas, s’efface !
peut être un rimailleur
forcera sa préface
et saura débusquer
le lièvre de son gîte !
le vin a bien coulé,
les jeunes ont pris la suite !
Sous les détonations,
ami du genre humain,
ce soir, à Montredon,
qui va main dans la main ?
Le Cers est bien léger,
je pétris ma colère !
la terre abandonnée
engendre la misère !
le lièvre capturé,
sa mort inévitable !
mon pauvre Beaumarchais
« sa mère n’est point coupable » ! 1
à la source, mon fils,
ôte la lourde pierre,
irrigue tes iris
de vérités premières,
au pied de la fontaine
sème quelques pensées…
ainsi, mon âme en peine
boira sa liberté !