Un vieux plantait un olivier
dans la rocaille de son jardin,
à la sortie d’un patelin
que seule la misère connaît ;
où ne viennent que les corbeaux,
le cri lugubre du grand vent,
quelques fidèles revenants
quand le soir ouvre ses tombeaux.
Le vieux plantait son olivier
dans la rocaille d’un jardin
où ne pousse que le chagrin
entre l’espoir et le fumier.
Tant que quelque force lui restait,
il enfouissait ses prières
sous une grosse motte de terre
et puis le travail terminé,
courbé sur sa canne de buis,
de sa vieille bouche édentée
le brave homme laissa échapper
le sourire de l’œuvre accomplie.
Un rayon de soleil perça
l’épaisse couche de nuages ;
Dieu devait lire son message.
Alors le vieil homme se tourna,
se releva tant bien que mal,
sourit encore et se signa,
puis repartit à petits pas
près du feu lire son journal.
Les oliviers poussent aisément,
sans trop d’engrais, dans la rocaille ;
chez nous, c’est vrai, d’un peu de paille
on fait sa couche ; bien content.