Elle voudrait un poème frais
qui parle des oiseaux, des fleurs ;
elle m’emmerde, je n’ai pas le cœur
à aller chiader la saulaie !
Il faudrait être romantique
du printemps à la Saint-Sylvestre,
aimant comme la brave Hypermnestre,
et toujours l’âme bucolique !
Elle voudrait un poème frais
quand Claire Chazal nous inonde
des pires atrocités du monde
et des tribulations des gays !
Je devrais, certes, pour l’agréer,
lui brosser la douce clochette
du muguet, ou bien la fauvette
zinzinulant sur les pommiers,
ou bien l’ondine, un brin folâtre,
qui vient chatouiller le cresson,
ou les troglodytes mignons
sur les frênes venant s’ébattre !
Mais je n’ai cure de versifier
le rose et le bleu qui se mêlent
et les soupirs des damoiselles
que la rosée fait chanceler !
Je n’ai pas envie de tremper
la plume à l’encre romantique,
tant que Claire, machiavélique,
nous campe ainsi la société !
Elle m’emmerde et puis c’est tout ;
elle n’aura pas un mot de moi !
d’ailleurs, c’est l’heure du muscat,
des potes et de la soupe au chou;
un point, c’est tout!